Connaissances physiques

Observations et mesures

Le trait de côte

Le « trait de côte » est un indicateur qui est qui n’a pas une définition unique. Il peut s’agir de la « laisse de pleine mer » sur les cartes topographiques, alors que sur les cartes marines, il s’agit de la limite supérieure atteinte par la mer aux plus fortes marées. Positionner le trait de côte sur la plage ou sur une falaise n’est pas chose aisée. Il peut être la corniche d’une falaise rocheuse, ou dunaire dans le cas de dunes en érosion, ou être matérialisé par la limite de végétation pour les dunes en accrétion.

La variabilité de la définition du trait de côte provient de la particularité morpho-dynamique du littoral : c’est une zone en mouvement, sans cesse changeante, qui n’admet pas de limite fixe. De plus, chaque façade maritime est différente en termes de conditions de marnage et de types de côte (rocheuse, meuble, artificialisée) ce qui induit des divergences de définition du trait de côte.

Sur la façade méditerranéenne, et en particulier en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la limite de pied de dune est cependant peu utilisée car les dunes sont peu fréquentes, souvent discontinues, et trop petites et/ou basses pour être visualisées aisément sur des photographies aériennes etc. De plus, le haut de plage y est très fréquemment urbanisé, et les cordons dunaires naturels y ont souvent été détruits par les divers aménagements. En raison de la faiblesse de la marée (inférieure à 30 cm), le trait de côte au niveau des plages sableuses est souvent déterminé comme étant la limite supérieure de la zone du jet-de-rive (swash), ou le milieu de cette zone en période calme, afin d’obtenir des données comparables. Cette limite présente l’avantage d’être facilement visualisable sur le terrain ainsi que sur les images satellites et aériennes ce qui autorise des comparaisons.

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Pour effectuer un suivi du trait de côte dans le temps, il importe de travailler avec la même définition pour la zone étudiée. L’objectif étant de faire des comparaisons entre différentes observations, le choix de la définition du trait de côte n’est pas fondamental pourvu que l’on conserve la même définition pendant toute la durée du suivi.

Comment participer à la mesure du trait de côte

https://youtu.be/8Up5U4FmCzA

Les enjeux de l’observation du trait de côte

La mise en place de démarches d’observation systématiques de l’évolution du littoral répond principalement à un objectif d’anticipation des risques futurs d’érosion côtière. Il s’agit de mieux connaitre, pour mieux les prévoir, les processus physiques des évolutions côtières en termes d’intensité (vitesse de recul du trait de côte par exemple), de comportement (recul régulier, continu, discontinu, ..) et de réversibilité (recul ou avancée). Toutefois, la diffusion et la disponibilité de ces informations permettent également de gérer aujourd’hui la ressource sédimentaire, écologique et économiques que constituent les milieux littoraux, plages sableuses et falaises rocheuses.

Ainsi, les organismes à l’initiative des démarches d’observation sont motivés par des objectifs variés en fonction de leur nature et de la politique qu’ils souhaitent poursuivre en termes de gestion du trait de côte, notamment :

  • la surveillance de l’érosion côtière et du recul du trait de côte ;
  • l’amélioration de la connaissance des processus de l’évolution côtière ;
  • la gestion des stocks sédimentaires (sables, galets,…) sur les plages ;
  • le dimensionnement de travaux de rechargement et/ou de reprofilage de la plage ;
  • les études d’avant-projet d’infrastructures portuaires ;
  • les études d’impact ;
  • le suivi de chantier et les travaux littoraux ;
  • l’évaluation des risques littoraux recul du trait de côte, avancée dunaire, submersion marine (par rupture de cordon sédimentaire, et/ou digue de protection) ;
  • le suivi des limites d’extension des submersions marines.

En fonction des objectifs de suivi et des moyens à consacrer, les méthodologies de surveillance et de suivi peuvent être différentes depuis des mesures avec opérateur de terrain jusqu’à l’utilisation de vecteurs aériens et satellites.

Les mesures réalisées en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur

La plupart des communes littorales dans en région Provence-Alpes Côte d’Azur font réaliser des mesures sur le milieu littoral et marin avec des objectifs de gestion des infrastructures portuaires, d’évacuation des eaux pluviales, des rejets de station d’épuration, etc…

En revanche, le nombre d’acteurs publics impliqués dans une démarche consacrée à un suivi morphologique pour une meilleure connaissance de l’évolution du trait de côte est relativement faible. Un inventaire des mesures réalisées sur le littoral régional par divers acteurs a été réalisé en 2016 (http://infoterre.brgm.fr/rapports//RP-65919-FR.pdf) et montre que :

Sur la côte rocheuse du Var et des Alpes-Maritimes, les suivis sont réalisés très majoritairement à l’initiative des communes (Hyères, le Lavandou, CDC Saint-Tropez, Fréjus, Nice), en raison principalement de la géomorphologie très découpée du littoral, qui nécessite une stratégie de gestion plage-à-plage.

Dans les Bouches-du-Rhône, et sur le littoral de Camargue, les gestionnaires des terrains littoraux (Conservatoire du Littoral, PNRC, RNNC-SNPN) et le CEREGE, mènent une action de surveillance qui dépasse largement les limites administratives des communes pour avoir une vision large à l’échelle des cellules ou sous-cellules sédimentaires de l’évolution du littoral et du recul du trait de côte.

Les acteurs scientifiques impliqués dans ce type de démarche sont peu nombreux. Le CEREGE (AMU-CNRS) est, à l’échelle régionale, impliqué sur des suivis scientifiques s’inscrivent dans la durée à travers la mise en place du Service National d’Observation DYNALIT dont les sites-pilotes en région PACA sont l’Embouchure du Rhône et la Rade d’Hyères. Le BRGM produit des données de mesures et de modélisations sur les risques côtiers le cadre de ses missions de recherches et d’appuis aux politiques publiques. C’est également le seul opérateur impliqué sur la surveillance quantitative des falaises littorales, en particulier sur la Côte bleue.

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